Avant Calvin, il y a Luther, et avant Luther, Arnaud de Brescia, Valdo de Lyon, Wyclif d’Oxford, Jan Hus de Prague, qu’il faut évoquer pour comprendre ces sectes néerlandaises, terreau de l’orangisme. La Réforme protestante sera l’aboutissement, peut-on dire, d’une longue histoire d’émeutes et de jacqueries contre l’accaparement du dogme et des richesses chrétiennes. Contemporains et successeurs du mouvement communal, les Vaudois, les Cathares, les Jacques, les Hussites de Prague et les Picards de Bohème, plus ou moins anarcho-communistes, mais toujours pauvres pêcheurs, annoncent le schisme de la Réforme protestante et son esprit de l’industrialisme.
Nombre de groupes et de personnalités se dressent dès le XIIe siècle – le siècle des cathédrales et de la première « révolution industrielle [1] » – contre la déchéance morale et théologique de l’église romaine. Ces dissidents qui ont leurs divergences et leurs contradictions entre eux, peuvent critiquer le dogme de la transsubstantiation, l’introduction et la vente des indulgences, prêcher le rejet des images et même de la croix ; mais ce qui de l’extérieur leur donne une apparence commune, c’est tout à la fois une volonté farouche de revenir à l’église apostolique et à l’esprit des évangiles, le rejet du pouvoir et des richesses temporelles de l’église, de l’institution sacerdotale des prêtres et des prélats, en tant qu’experts autorisés du Salut et de la religion, et une course à l’ascétisme et à la pauvreté.
Le chapitre 7 de notre série Bleue comme une orange se lit ici :
Les chapitres précédents sont là :
Chap. 6 : Quand les bourgeois flamands inventaient la Commune.
Chaps. 4 & 5 : L’entrepôt général de l’univers et la révolution flamande.
Chaps. 1, 2 & 3 : Vues générales, orangisation agricole et lutte contre les eaux.