Certes, le Tribunal administratif vient de rejeter nos requêtes concernant le volet « Loi sur l’eau » du projet Saint-Sauveur. Mais contrairement à ce que prétendent la mairie et la MEL, avec une certaine désinvolture envers la justice : non, « le projet d’aménagement [ne] peut [pas] commencer. »
Pour cela, il leur faudrait :
1° Enjamber le jugement sur l’intérêt général porté par nos deux associations, et pour lequel nous n’avons pas encore de date d’audience.
2° Disposer des permis de construire, ce qui n’est pas le cas – et puis des permis de construire quoi ? Un complexe avec ou sans fosse de plongée ?
3° Que notre Appel de la décision de vendredi 9 juin soit jugé. Or, il n’est pas même encore déposé. Les communiqués triomphants de la Ville et de la MEL visent à instiller la résignation chez les partisans de la nature en ville. Qu’on se le dise : tant que les bulls n’ont pas débarqué… les bulls n’ont pas débarqué. Un tel triomphalisme, alors que la canicule et la sécheresse reviennent à grandes foulées, est pour le moins déplacé.
Au delà du droit, nous interpellons les habitants de Lille quant à la ville qu’on nous fait, et qu’on nous prépare.
Le département du Nord est en état de « vigilance sécheresse » depuis le 14 avril – déjà deux mois. Et on lit sur le site d’Iléo, le fournisseur en eau de la métropole lilloise, que « Une vigilance s’impose pour limiter l’impact de la consommation sur la ressource et anticiper une situation susceptible de se dégrader. » Une vigilance pour qui ?
La pharaonique Cité administrative (38 000 m²) sort de terre cette année en même temps que le Conseil départemental (30 000 m²). Nouveau dans la « skyline » d’Euralille, la spirale « Shake » offre depuis peu 33 000 m² de bureaux, tandis que « Emblem », cette tour blanche importée de la Costa Brava, finit d’enlaidir le Boulevard Carnot. Les logements sociaux des Aviateurs et du Boulevard de Metz seront bientôt détruits et remplacés par le double de logements, et sans les locataires historiques. Et déjà les manœuvres de concertation ont débuté, « D’Euralille à la Deûle », en vue de clore la ceinture grise de la ville, quoique la candidate Aubry promettait ici une « ceinture verte ». La « vigilance » s’arrête toujours devant les ambitions politiques et les profits du secteur du Bâtiment.
L’OMS vient d’évaluer à 15 000 le nombre de décès causés par la chaleur en France à l’été 2022. On l’oublie vite, mais voilà sept ans que le préfet signe des arrêtés de sécheresse tous les étés. Pendant ce temps, Lille a connu des records de construction immobilière. Rien ne saurait arrêter élus, promoteurs et bâtisseurs d’une ville toujours plus dense et moins verte, jusqu’à bétonner le dernier espace possible de verdure et de fraîcheur dans cette partie de la ville.
P.A.R.C. et A.S.P.I.,
le 12 juin 2023