Nouvelles locales

    En 2015, trois événements marquent la bascule planétaire vers l’irrévocable Transition, à l’aide et à l’ère des gigafactories. La Transition c’est le changement dans la continuité. Une bouillie de « résilience », d’« adaptation » et de « collapsologie », à destination de jobards en quête de gourous et de bonimenteurs. Une bouillie de « participation citoyenne » et de « vision positive » qui tourne toujours en fin de compte aux « accommodements raisonnables » avec l’emballement technologique. On verra comment la « Vallée de la batterie » y contribue par pillage de matières premières, eau, espace, argent public et main d’œuvre.

    Coup de chance, la batterie (au lithium) dispose d’un pays et d’une population rompus au servage et à l’empoisonnement industriels : le Nord-Pas-de-Calais. Son habitant, le Chti, est bon à tout et ne coûte pas cher. Charbonnage, décharbonnage, silicose, sidérurgie, désidérurgie, chômage, bière et pizza – rien que d’authentiques clichés AOC. La mise au point de la batterie au lithium et la mise à disposition de la région pour la produire, voici les deux fils conducteurs qui tressent ce demi-siècle d’histoire, ici condensé en quelques minutes de lecture.

Nouvelles globales

    La prétendue « Transition » illustre à merveille le cliché suivant lequel, « il faut que tout change pour que rien ne change » (Le Guépard, 1958). Le « changement » consiste en l’occurrence à coller l’étiquette « verte » sur tout ce qui depuis 200 ans détruit la verdure ; finance verte, industrie verte, technologies vertes, énergie verte, etc. Greenwashing comme disent ceux-là même qui le pratiquent, et en particulier les « Verts ».

    Connaissez-vous la Société d’Accumulateurs Fixes et de Traction ? Lideur mondial dans les domaines civils et militaires de l’aérospatiale et des transmissions, c’est à elle qu’on doit la première de cinq gigafactories prévues en France en vue de la transition au tout-électrique. Car sans batteries, pas de smartphones, d’ordinateurs portables, de voitures électriques, d’objets connectés ni d’implants cérébraux.

Histoire & Culture

    Ces deux rétifs à l’esprit d’église et de parti exprimèrent un dégoût assez similaire devant l’enrégimentation des hommes et des paysages par la société bureaucratisée, machinique, industrielle. Yourcenar, de son vrai nom Crayencour (l’anagramme a perdu une lettre), est la locale de cette Bibliothèque, née à Bruxelles, d’une lignée aristo flamande, élevée au Mont-Noir.

    « C’est en affranchissant les femmes qu’on affranchira le travailleur », réclame La Femme libre en 1832, la revue éditée par les prolétaires saint-simoniennes. Le premier mouvement féministe moderne, initié par Charles Fourier et le chef de l’Église saint-simonienne Prosper Enfantin, ne tarde pas à se scinder. D’un côté la branche technocratique et bienveillante, de l’autre la branche « lutte de classes ». Toute ressemblance avec des faits présents ne saurait être fortuite.