En 2015, trois événements marquent la bascule planétaire vers l’irrévocable Transition, à l’aide et à l’ère des gigafactories. La Transition c’est le changement dans la continuité. Une bouillie de « résilience », d’« adaptation » et de « collapsologie », à destination de jobards en quête de gourous et de bonimenteurs. Une bouillie de « participation citoyenne » et de « vision positive » qui tourne toujours en fin de compte aux « accommodements raisonnables » avec l’emballement technologique. On verra comment la « Vallée de la batterie » y contribue par pillage de matières premières, eau, espace, argent public et main d’œuvre.
Nouvelles locales
Coup de chance, la batterie (au lithium) dispose d’un pays et d’une population rompus au servage et à l’empoisonnement industriels : le Nord-Pas-de-Calais. Son habitant, le Chti, est bon à tout et ne coûte pas cher. Charbonnage, décharbonnage, silicose, sidérurgie, désidérurgie, chômage, bière et pizza – rien que d’authentiques clichés AOC. La mise au point de la batterie au lithium et la mise à disposition de la région pour la produire, voici les deux fils conducteurs qui tressent ce demi-siècle d’histoire, ici condensé en quelques minutes de lecture.
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Nous nous sommes rendus les 13 et 14 octobre 2023 à l’étape dunkerquoise du Climat Libé Tour, une tournée nationale de « forums » pour « explorer les enjeux de la transition écologique ». Trente ans après le « développement durable », voilà qu’une « croissance sobre » de « l’industrie verte » vise autant la « transition juste » qu’elle fait reculer le Rassemblement national. Voici de quels trésors l’État et l’industrie usent pour se faire accepter de ce segment de l’opinion qu’incarne Libé.
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Au début de l’année 2022, deux enfants de 8 et 2 ans meurent et une cinquantaine reste handicapée d’avoir ignurgité des pizzas Buitoni-Nestlé de Caudry, près de Cambrai. Certes, les accidents, ça arrive. Ici, il ne s’agissait pas d’un « risque d’accident » mais d’une certitude d’empoisonnement prochain. L’effet de la négligence systémique qui déresponsabilise tous les anonymes de la chaîne industrielle, de l’actionnaire à l’ouvrier.
Nouvelles globales
La prétendue « Transition » illustre à merveille le cliché suivant lequel, « il faut que tout change pour que rien ne change » (Le Guépard, 1958). Le « changement » consiste en l’occurrence à coller l’étiquette « verte » sur tout ce qui depuis 200 ans détruit la verdure ; finance verte, industrie verte, technologies vertes, énergie verte, etc. Greenwashing comme disent ceux-là même qui le pratiquent, et en particulier les « Verts ».
Connaissez-vous la Société d’Accumulateurs Fixes et de Traction ? Lideur mondial dans les domaines civils et militaires de l’aérospatiale et des transmissions, c’est à elle qu’on doit la première de cinq gigafactories prévues en France en vue de la transition au tout-électrique. Car sans batteries, pas de smartphones, d’ordinateurs portables, de voitures électriques, d’objets connectés ni d’implants cérébraux.
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Les Amis de Renart étaient à Caen le 23 mars 2024 pour manifester contre le démarrage de l’EPR de Flamanville prévu cette année, et les constructions de nouveaux réacteurs les années qui viennent. Nous étions 30 000 en 2006 à Cherbourg contre cet EPR, un petit millier ce week-end. Entre temps, l’industrie nucléaire a profité d’un feu roulant médiatique et politique d’arguments pseudo-écologistes en sa faveur.
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Il fallait que l’étau se resserre sur notre « Mouvement climat ». Notre affaire à tous, Oxfam, Réseau Action climat, Reclaim finance, Amis de la Terre, Alternatiba : toutes émargent auprès des mêmes philanthropes, investisseurs du climat ou évadés fiscaux.
Histoire & Culture
Ces deux rétifs à l’esprit d’église et de parti exprimèrent un dégoût assez similaire devant l’enrégimentation des hommes et des paysages par la société bureaucratisée, machinique, industrielle. Yourcenar, de son vrai nom Crayencour (l’anagramme a perdu une lettre), est la locale de cette Bibliothèque, née à Bruxelles, d’une lignée aristo flamande, élevée au Mont-Noir.
« C’est en affranchissant les femmes qu’on affranchira le travailleur », réclame La Femme libre en 1832, la revue éditée par les prolétaires saint-simoniennes. Le premier mouvement féministe moderne, initié par Charles Fourier et le chef de l’Église saint-simonienne Prosper Enfantin, ne tarde pas à se scinder. D’un côté la branche technocratique et bienveillante, de l’autre la branche « lutte de classes ». Toute ressemblance avec des faits présents ne saurait être fortuite.
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Il aura quand même fallu 3h30 à Christopher Nolan pour rendre sympathique le directeur scientifique du programme nucléaire qui fit 200 000 morts civiles, les 6 et 9 août 1945, à Hiroshima et Nagasaki.
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On est à Lyon, en 1831, où l’héroïque insurrection des canuts laisse 600 morts sur le pavé et sidère tout ce qui pense en Europe. La révolution industrielle accouche de « nouveaux barbares » qui menacent de renverser la société.