La vie de la friche pendant le confinement

lundi 6 avril 2020

Malgré le confinement, la vie continue à son rythme sur la friche Saint-Sauveur. La vie des espaces délaissés et abrités, entre exploitation de la misère, règlements de compte destructeurs, et, malgré tout, solidarités, plantations, et défense d’un espace de nature en ville.

JPEG - 132.5 kioJuste avant la mise en confinement, nous avions inauguré au sommet du Belvédère une carte des nuisances régionales. Sur cette table d’orientation d’un genre réaliste, les sites les plus pollués et polluants de la région y sont présentés en images et en textes : le siège social d’Auchan à Croix, le premier hébergeur français OVH à Roubaix, les terres saturées en métaux lourds autour de Metaleurop, Boulogne-sur-mer la capitale du cancer, ou encore le port d’Anvers. Profitez d’une sortie pour la découvrir.

Vous découvrirez à cette occasion que le « Gourbi », la première construction sur la friche, n’est plus. Il était le symbole de notre installation durable sur le site pour faire face aux bulldozers, au moins symboliquement. Nous venions de fêter son premier anniversaire. Pour que tout le monde comprenne ce qui se passe sur la friche, il faut savoir que ce Gourbi avait été privatisé par un ou plusieurs petits commerçants spécialisés dans la drogue et les prostituées, et donc aussi par les clients de telle ou telle marchandise. Ainsi que c’est l’usage dans ces secteurs du capitalisme sauvage, non régulé quoi, les différends se règlent à la dure. Déçu par le service après vente du commerçant, l’un des clients s’en est pris au Gourbi, notre œuvre commune, en le brûlant.

L’incendie s’est déroulé sous les yeux de la vingtaine de SDF qui ont élu domicile de l’autre côté du mur qui sépare le Belvédère du reste de la friche. Certains sont exilés, d’autres non. Ils installent là leur campement d’infortune depuis quelques semaines, faute d’hébergement malgré les quelques places ouvertes à l’Auberge de jeunesse pendant la durée du confinement. Un réseau de solidarité se met en place avec les riverains, l’association Utopia 56, l’association Robin des Bio et les personnes mobilisées depuis plusieurs années sur la friche. Ils s’organisent pour leur faire parvenir un peu de nourriture et de quoi vivre le moins indignement possible.

La vie continue donc malgré le confinement. Et certains essaient de la réinventer sur cette friche malgré les dégueulasseries qui l’entourent. Il y a des cabanes à construire, des potagers à faire fructifier, et du soin à apporter. N’hésitez pas à venir donner la main.