En 2018, la mairie de Lille piétinait le dernier pépiniériste de la ville en même temps qu’elle se débarrassait de son Palais dédié aux fleurs, le Palais Rameau. Junia, une entreprise de formation d’ingénieurs en « smart farming », en a récupéré l’usage. Elle considère aujourd’hui la Société d’horticulture comme occupant sans droit ni titre, c’est-à-dire des squatteurs, après 140 ans d’activités dans ce palais. Les flics, les huissiers et les déménageurs l’expulsent en ce moment-même. Son président Jean-Jacques Marquis nous en a fait l’histoire – jusqu’à être empêché par les larmes. Nous pourrions nous retenir de toute sentimentalité. Mais on n’est jamais trop délicat avec les fleurs et ceux qui les cultivent. Surtout quand ils sont si maltraités. Le Palais Rameau était un lieu culturel, associatif et public, il devient un laboratoire de recherche au service des groupes agroalimentaires de la région.
Nouvelles locales
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2021 sera peut-être l’année de l’éolien offshore. Après dix ans de tergiversations économiques et de recours juridiques, les sept projets français se concrétiseraient enfin. Effet d’annonce ou réalité, peu importe : les opposants continuent de ferrailler contre la « transition énergétique », usant parfois de moyens peu littéraires face à une nucléocratie repeinte en vert. Si leurs arguments sont divers, et parfois anti-écologiques, les promoteurs de l’éolien ne le sont pas moins. Ce panier de crabes va de la France Insoumise au MEDEF en passant par EDF, Total et Europe-Écologie. Voici une zoographie de ces crustacés.
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Ce jeudi 18 février se tenait l’audience des 360 fausses signatures repérées sur les listes d’émargement des municipales 2020 à Lille. Martine Aubry l’avait remporté de 227 voix, sur 39 000 votants, face au candidat des Verts. Le rapporteur public a balayé un à un les griefs des deux listes perdantes, faisant valoir son « orthodoxie » : les preuves des fausses signatures ont été apportées après le délai de cinq jours. Mais alors... il reconnaît qu’il y a bien au moins 360 fausses signatures ! Ce que l’avocat de Martine Aubry ne conteste d’ailleurs pas.
Nouvelles globales
OVH, entreprise roubaisienne et néanmoins « pépite française du cloud computing », a connu ce 10 mars l’incendie accidentel de son data center strasbourgeois. Or, nous venons de recevoir cette lettre de revendication que nous vous livrons telle quelle. Une mise en garde tout de même : Renart réprouve autant ce genre d’actions criminelle que la prise de drogue. Ne retentez pas l’expérience chez vous.
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Les expositions et spectacles du théâtre dit "vivant" alliant Art, Science et Technologie se multiplient pour mettre en scène les dernières idées transhumanistes. Dans l’article qui suit, publié par la revue Écologie & Politique, vous retrouverez des hommes-machines et des spectacles-machine servant l’imaginaire du monde-machine. Ce sont juste quelques exemples tirés de la métropole lilloise, mais n’importe qui peut faire la même chose chez lui.
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En 1892, Henri Carrette inaugurait à Roubaix le « socialisme municipal ». En 2014, Piolle lançait de Grenoble l’écologisme métropolitain. Les Verts sont désormais à la tête de neuf grandes villes françaises parmi les plus ravageuses. Quelles sont leurs propositions concernant le développement urbain et les politiques d’attractivité ? Les métropoles seront technologiques et verticales, mais bienveillantes et inclusives. Voici les intentions et C.V. de sept d’entre eux.
Histoire & Culture
Selon un cliché aussi buté qu’erroné et venu d’abord d’Engels, le protestantisme serait l’idéologie dont la bourgeoisie avait besoin pour couvrir d’un voile de piété le développement sauvage du capitalisme. « Je récuse expressément la possibilité de la thèse absurde selon laquelle la seule Réforme […] aurait créé l’esprit capitaliste. » Malgré ses protestations, Max Weber, le sociologue de L’Ethique Protestante et l’esprit du capitalisme, est constamment cité à l’appui de cette « thèse absurde ». On verra ici, comment la Reconquista hispano-catholique des Flandres au XVI° siècle, contre les protestants repoussés aux « Pays-Bas du nord », mobilise les arguments, anciens déjà, des franciscains et des dominicains, en faveur du commerce de l’argent. À l’avant-garde de cette reconquête, le corps d’occupation spirituel des jésuites - 3 000 frères pour 32 000 habitants, à Lille au début du XVII° siècle : un pour dix – et leur champion, Léonard Lessius de Louvain (1554-1623), « l’Oracle des Pays-Bas ». Quand il s’agit d’argent, tous les hommes sont de la même religion, selon Voltaire. Mais on verra en fin de compte qu’il ne s’agit pas tant d’argent que de puissance et des moyens de la puissance.
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Les huguenots, émigrés protestants de France, furent parmi les plus actifs de cette classe de bourgeois, qui, du XVIe au XVIIe siècle, déclenchèrent aux Provinces-Unies des Pays-Bas, puis au Royaume Uni, aux Etats-Unis, en Europe et dans le monde entier, un séisme philosophique, politique, économique dont l’importance, tel un raz de marée né loin des côtes, ne se révéla qu’à la fin des guerres napoléoniennes, avec la « révolution industrielle ». « Toutes ces nations, nous dit Zweig, doivent la plupart de leurs succès politiques à l’influence éducative de l’austère ministre de Genève. » Comprenez Jean Calvin, natif de Noyon, en Picardie. Voici un bref aperçu de ces implacables fanatiques du profit et du progrès
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Mais pourquoi diable Charbonneau est-il si méconnu – méprisé ? - par les milieux de la géographie, de l’urbanisme, de l’architecture, de la sociologie urbaine ? Notre ami Richard Pereira, qui nous livre ici une lecture de Charbonneau, a suivi cinq années d’enseignement de géographie à l’université. Il n’y a jamais entendu parler de ce fondateur de l’écologie politique, pourtant agrégé d’histoire-géographie et auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur les relations qu’entretiennent les sociétés humaines avec leur environnement.